Bastillle
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4 décembre 2019 à 13 h 23 min en réponse à : [Activité] Analysez votre expérience de spectateur #14197
Bastillle
ParticipantProposition artistique :
Au-dessus de la place centrale de la ville de Toulouse, des anges se livrent à un ballet aérien. A l’arrivée d’un ange géant, le public, en contrebas, est littéralement noyé par une pluie de plumes.
Sons, lumières et nuages de duvet céleste contribuent à l’immersion d’un audience hilare et joueuse dans un paysage poétique à la tombée de la nuit.Éléments déterminants d’interaction :
La première interaction que je vois, de manière indirecte, est d’ordre scénographique. Les comédiennes et comédiens, suspendus à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol une fois la nuit tombée, se meuvent sur une toile étoilée. Vierge de toutes les nuisances lumineuses de la ville, ce choix permet une entrée directe dans la proposition de fiction et de capter et garder l’attention du public. La chorégraphie opérée par les personnages, les jeux de regard et les sourires adressés au public renforcent ce lien tout au long du spectacle.
L’arrivée de l’ange gonflable géant vient créer une nouvelle dimension : désormais à portée de main, le spectacle se donne littéralement à toucher et à jouer, comme quand on s’amuse à s’envoyer un ballon de baudruche en évitant de le faire toucher le sol.
Le déclenchement des canons à plumes provoque une nouvelle phase d’interaction et complète la mutation du spectacle, au profit d’une grande fête enfantine. Ici, l’évocation plus qu’explicite des batailles de coussins. Le public devient acteur et s’autorise à se détacher de la dramaturgie pour s’en emparer (plumes dans les capuches, gerbes lancées avec les mains…)Je ne me rappelle plus de l’épilogue, si ce n’est ce souvenir reconnaissant d’avoir eu le droit de réinvestir l’espace public de manière éphémère comme je l’entendais.
Anecdote notable : ma première interaction avec cette œuvre fut la revendication politique inaugurale des intermittant·es sur le toit du Capitole : « Vous êtes au pied du mur, nous sommes au bord du gouffre ». Mon adhésion était donc déjà totale !
https://www.ladepeche.fr/article/2014/06/08/1896511-anges-et-pluie-de-plumes-place-du-capitole.htmlBastillle
ParticipantDescription
La Tour Montparnasse est un grand immeuble de béton, de verre et d’acier de 220 mètres de haut, en plein centre de Paris. Longtemps considérée comme le plus haut gratte-ciel d’Europe, cet édifice est essentiellement un bâtiment de bureaux.
Il accueille plus de 5000 employé·es quotidiennement, travaillant pour des banques, des assurances, des agences immobilières, et tout un tas d’entreprises aux noms imprononçables. Un dispositif de sécurité régule les flux à l’entrée en mode Vigipirate.
En parallèle, une visite du toit panoramique est facturée 20 euros à des touristes à la recherche du “plus beau panorama sur la ville.”Selon la géographe Anna Clerval, cette construction est le symbole de la tertiarisation de Paris dans les années 70, résultant de politiques de désindustrialisation (un souhait de Georges Pompidou).
Très critiquée, tant pour sa “laideur” que pour sa hauteur disproportionnée, la Tour accueille majoritairement des entreprises de pouvoir, capitalistes. Sur le plan physique comme sur celui symbolique, elle domine Paris, elle domine le pays.Vitres tombées du 50ème étage, soupçons de résidus d’amiante et déficit d’images sont autant de traces de la vétusté de l’édifice, et de questions quant à sa présente utilité.
Synopsis
Tout autour du Monolithe, la tribu du Dehors vit une vie joyeuse pleine de fêtes, de rituels et de solidarités, dans un monde dévasté mais rempli de souvenirs.
Lorsqu’un coeur gigantesque apparait sur une fenêtre du 38ème étage, la tribu du Dehors décide de se lancer à l’assaut des fortifications de la tribu du Dedans, puissante mais isolée et ignorante depuis déjà bien longtemps, afin de l’atteindre et de l’honorer.Bastillle
ParticipantLes Surgissements, théâtre du Centaure
http://www.theatreducentaure.com/Creations/Creations/Surgissements
https://youtu.be/uQnA_EIx7cUDiscipline : danse, cirque.
Thématique : de banales bien qu’incongrues retrouvailles en gare.
Lieu : une gare ferroviaire, lieu d’attente et de transit par excellence. Fort lien entre lieu et l’œuvre, tant par l’histoire qu’elle raconte (petites scénettes du quotidien de la gare) que les comportements “hors la norme” qu’elle suscite chez le “public”. Voir des cavalier·es surgir dans ce lieu sans surprises amène à en repenser son usage, même pour quelques instants.
Public : pas de disposition particulière du public au préalable, l’œuvre se déploie au départ à son insu (si ce n’est la présence de nombreux caméramen…) Ensuite, un cercle se forme naturellement autour des deux centaures, puis l’on voir apparaître une procession pour les suivre dans leurs déplacements (engouement et curiosité). L’implication, d’abord distante, va croissante au fur et à mesure des sollicitations des artistes.
Petit bémol, néanmoins : les musiques choisies pour illustrer les archives vidéos ne permettent pas de saisir l’implication émotionnelle créée au travers de l’espace sonore de la gare.Zero degré, la Fabrique royale
http://www.lafabriqueroyale.fr/zero-degreDiscipline : danse, parkour; théâtre aussi ?
Thématique : invitation à réinvestir l’espace public. Le propos ne m’apparaît pas clairement via les archives vidéos (beaucoup de ralentis à mon goût), mais les témoignages des habitant·es, spectateurs et spectatrices laisse à penser que l’accent est mis sur l’offre de tableaux spectaculaires et insolites dans des espaces quotidiens pour ces gens. (Ré)enchanter le quotidien.
Lieu : la ville, des quartiers divisés en plusieurs tableaux donc. J’avoue avoir été plus sensible à leur représentation dans une ZAT montpelliéraine que sur les immeubles hollandais rutilants, mais c’est aussi très sensationnel et séduisant. Je vois des liens entre le propos de l’œuvre et les lieux choisis par le rapport à leur usage (on est pas sensé·es courir sur les toits…). Jeux visuels avec la rubalise, sonores avec les plots de chantier; rappels de couleur (orange, rouge) élégants.
Public : le public est spectateur – les différents tableaux sont des scènes plutôt traditionnelles, il y a un décalage évident créé par la hauteur… Pour autant, le passage des danseurs dans la foule – redescendu au niveau du sol – crée beaucoup d’interaction et d’incitation à la danse/course, notamment chez les enfants. Envie de mimétisme, enthousiasme corporel clairement perceptible.Bastillle
ParticipantLa rue.
La cantine.Je conçois ces espaces comme des lieux d’interactions, sociale, culturelle, politique. Des lieux d’usage. De lutte et de/en tension. Imparfaits. De création de futurs désirables.
La rue relie, mais sépare. Elle sait tout autant regrouper comme disperser; un jour, elle (s’)offre et oppresse le lendemain.
Dans le texte, elle appartient à tout le monde, elle est un bien collectif. Pour autant, tous et toutes ne sont pas égales face à la rue, et ce lieu très codifié est à mon sens le symbole de ce qui se joue dans l’espace public aujourd’hui. Canons contre barricades, propriété(s) ou usages éphémères, privatisations visuelles et sonores face à fêtes, bruits et parfums.La cantine. Tout le monde y mange, y subvient à ses besoins. Temps de pause, de partage. Le cadre se fait respecter, mais une bataille de nourriture n’est jamais loin. On y vole des fourchettes, et faisons acte de solidarité en aidant le personnel à ranger les tables. Rires et pleurs, petites histoires du quotidien.
Bienveillance et consensus. Tout le monde y mange… à condition de faire partie de tout le monde.Interactions. Usages. Luttes. Solidarités. Émancipations. Futurs désirables.
Bastillle
ParticipantOla !
Très chouette ces partages d’inspiration, merci =DPetite liste non-exhaustive de ce qui me passe par la tête pour le moment :
Angoulême, une ville qui danse, par la compagnie Julie Dossavi.
Une création chorégraphique protéiforme visant à transformer la ville en lieu de danse. Quatre mois d’ateliers, accessibles tant à des danseurs et danseuses aguerries qu’à des néophytes. A l’arrivée, une ville sans âges, sans genres et sans – trop – de classes, (ré)investie par la danse toute une journée. Le kiff !Points de vue – Rivages extraordinaires
Parcours artistiques le long de la Garonne, invitant à redécouvrir des paysages ruraux et à déambuler dans les champs. J’aime bien l’intimité de ce genre de pérégrinations.
Une archive de la sixième éditionL’art du chemin, par la compagnie Morphologie des Eléments.
Déambulation sur les chemins du Domaine départemental de Méréville (Essonne), où l’imaginaire poétique de l’artiste Yves Chaudoüet et de ses comédiens se déploie en images et situations, à travers de “tableaux”. A mes yeux, un appel à sortir du cadre – paradoxalement ^^Un mur dans le réel
Projet citoyen de réappropriation de l’espace public d’expression, collages à partir de messages récoltés. Expression citoyenne contre occupation publicitaire ? On le dit que l’usage de l’espace public est politique 😉 ?Le réveil du Minotaure – Compagnie La Machine
Étant toulousain, il me fut difficile de passer à côté de la super-production de la Machine en novembre dernier. La compagnie nantaise, désormais (ré)installée dans le Sud, a offert à des milliers de personnes – dont moi, des images saisissantes de son “bestiaire mécanique”. Faire rêver avec des rivets.Et pour finir, avant la prochaine, je m’autorise à transgresser la règle.
Zone Autonome Temporaire, de Hakim Bey.
Pour moi, ce livre a été et est une lecture aussi grisante que fondamentale dans ma réflexion et mon appréhension de l’espace public, dans ses dimensions éphémère et insaisissable notamment. Des utopies pirates à Burning Man, je trouve qu’il non-pose tout un tas de questions sur comment s’y projeter, y créer et y lutter.
En libre accès à cette adresseAu plaisir de vous lire. Et bon Mouque !
B.-
Cette réponse a été modifiée le il y a 5 années et 7 mois par
Bastillle.
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Cette réponse a été modifiée le il y a 5 années et 7 mois par
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