Cohabitations et conflits d’usage
L’adage « la liberté des un.e.s s’arrête là où commence celle des autres » induit une mise en concurrence des libertés. Cette idée restreint la pensée d’un espace partagé et pose l’interdit et l’obligation en soubassements de la vie commune. L’adage détourné « la liberté des un.e.s commence là où commence celle des autres » pose au contraire l’interdépendance de nos libertés et réaffirme les droits comme principes plutôt que comme exceptions. Plutôt que de chercher à faire cesser les usages avec des intentions de « tranquillité » ou de « sécurité », comment l’acteur public peut-il préférer l’exigence de la démocratie à la neutralisation de l’espace publicL'espace public est une notion polysémique largement débattue dans les sciences sociales depuis une cinquantaine d'années. Apparue dans le champ de la philosophie politique et de la communication avec les travaux de Jürgen Habermas, elle désigne initialement le lieu d'expression et de confrontation des opinions privées, synonyme de sphère publique. Le terme est ensuite emprunté par les géographes pour qualifier des espaces physiques ouverts ou fermés, de statut public ou privé, accessibles au grand public. C'est dans son acception la plus large qu'elle est utilisée dans le champ de l'art, intégrant les deux dimensions spatiale et communicationnelle. Retour gl... ? Peu d’espaces permettent aux personnes de se rencontrer et de débattre, si ce n’est lorsque les conflits sont déjà cristallisés. Cohabiter demande de pouvoir se parler, de s’organiser et de questionner ensemble les règles de vie commune.